Aiguille de la République – République Bananière – ED 700M – 04/07/2022

Aiguille de la République – République Bananière – ED 700M – 04/07/2022

L’alpinisme c’est politique, n’en déplaise à certains…

C’est avec beaucoup de doutes et de concentration à la fois que nous abordons cette course avec mon acolyte Antoine. Nous n’étions pas certain d’être au niveau techniquement, mais bon « et puis merde, on y va ». Nous avons choisis la stratégie sur deux jours, avec bivouac en haut de L15. Dormir en plein milieu d’une face était une première pour nous, beaucoup de questions se sont posées sur le poids du sac, le matériel à prendre, l’horaire à tenir…

Départ depuis le haut du Montenvers vers 8h, on prend pied sur la Mer de Glace ; comment ne pas verser une larme devant ce colosse aux pieds d’argile, un colosse éventré, un colosse qui n’a bientôt plus son mot à dire… On remonte les longues échelles pour accéder à cet oasis paradisiaque qu’est l’Envers des Aiguilles. On reste à la fois émerveillé par cet endroit et intimidé à l’idée d’aller s’aventurer au coeur de ces monstres de granite…

On arrive au pied de la voie, dernières mises au point, on enfile les chaussons et c’est parti. Première longueur en 5sup nous a bien réveillé, beaucoup de doutes s’installent, il en reste 25… Mais finalement on déroule bien jusqu’au bivouac de la Tour Rouge où l’on marque une pause. On croise à ce moment là un guide de Cham qui faisait la voie normale de l’aiguille de la République, il nous redonne confiance et on repart déterminé plus que jamais.

On arrive au pied de L13, au pied du dièdre Monumental, probablement la plus belle longueur de ma vie; du dièdre, de la fissure, du Dülfer à foison, tout est là, 53m de bonheur dans cette ligne dessinée au laser… Bon, j’arrive au relais quand même bien entamé à la fois mentalement et physiquement, mais mauvaise idée de se relâcher à ce moment là, il reste encore 2 longueurs de 6sup jusqu’au bivouac et un rappel foireux…

Le dièdre monumental vu du haut

On arrive finalement à la tombée de la nuit au bivouac, et là… mauvaise surprise, il est totalement sous la neige, une neige en béton impossible à enlever… On se rabat sur une petite vire de 50cm de large, 2m de long… où l’on dormira à deux… attachés sur un vieux friend… bref pas la meilleure nuit… Mais que dire de cette montagne qui gronde, des chutes de pierres et éboulements retentissent toute la nuit, en permanence… La montagne est en colère… J’aperçois au loin des frontales allumées dans la nord des Jorasses, et je m’endors à l’idée d’y être un jour moi aussi…

Le bivouac
La vue du bivouac



Je me réveille 30 min avant l’heure et, impatient, je réveille Antoine, il est 5h30. On allume le réchaud, je mange mes pâtes lyophilisées en regardant le méchant 6C qui nous attend d’entrée de jeu, hummm… Aller hop, on met les chaussons et on attaque… On est fatigués, on est lents, on prend des plombs sur friends, le doute s’installe à nouveau, les longueurs s’enchainent tant bien que mal, et cela commence vraiment à nous paraitre interminable… Puis Antoine me dit « Écoutes, si on veut toper, va falloir se bouger le *** »… Et par je ne sais quel mécanisme, peut-être piqué par l’ego, on active le mode machine, dernier coup de jus, on engage comme il faut, et on sort des difficultés… Plus que quelques longueurs en 5 et c’est le sommet…

le 6c
La dernière longueur

Il est 13h au sommet, on fait la photo, et on commence une descente aussi longue qu’infernale… Les rappels sont désaxés, foireux, la corde se bloque, bref la galère… 6h dans la descente jusqu’au pied de la face… On entame le looong retour à Cham à pied… On prend pied sur la mer de glace et hop l’orage et la grêle éclate… super… Arrivée à Chamonix à minuit… bien content et heureux… on retrouve le dernier Macdo ouvert de la région pour une dernière folie…

J’en garderai un merveilleux souvenir, c’est une grande course où la gestion de l’effort et des timing devient importante, la grimpe y est époustouflante et sévère à la fois, mais ça protège bien et ça déroule. Nous avons toutefois été touchés par l’état de nos montagnes, franchement ça craint, ça suinte, ça cogne, ça dévale de partout…

Luca

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